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Un fracaso la estrategia gubernamental emprendida por Felipe Calderón en contra del crímen organizado: Le Monde

Paris, Francia, 23 de agosto del 2012.- México es el país más mortífero del mundo, señala el periódico francés Le Monde, en su edición de este jueves y agrega que la espiral de violencia que se vive en México refleja el fracaso de la estrategia gubernamental emprendida por el presidente Felipe Calderón.

 

El prestigiado e influyente diario francés dedica en sus páginas una nota muy agresiva contra el gobierno federal y sus acciones en la lucha contra el crimen organizado y dice que «esta espiral refleja el fracaso terrible de la estrategia militar emprendida desde hace seis años por Calderón, con el apoyo constante, y principalmente financiero de Estados Unidos, el principal mercado de narcóticos”, sostiene el vespertino.

 

Con base en las cifras sobre homicidios dadas a conocer hace un par de días por el Instituto Nacional de Estadísticas y Geografía (Inegi), en el que destaca que 2011 fue el más violento con 29 mil 199 crímenes, el rotativo establece que México es el país más mortífero del mundo.

 

“Es una verdadera hecatombe que constituye, y por mucho, el conflicto más mortífero de los últimos años en el planeta”, subraya.

 

A partir de ese cruento escenario, Le Monde expresó sus dudas sobre la capacidad del priista  Enrique Peña Nieto de mejorar lo que considera un mal endémico.

 

“El mal es hoy tan profundo que no es seguro que la elección del señor Peña Nieto cambie algo: significa el regreso del Partido Revolucionario Institucional, que dominó la vida política del país durante décadas con un trasfondo de corrupción y complacencia hacia los narcotraficantes”.

 

El problema mexicano es, dice el diario galo, un desafío mundial del que no pueden desentenderse ni Estados Unidos ni Europa, los principales mercados de la droga.

 

“Ya no es un desafío exótico, sino planetario, que no puede dejar indiferente”, advierte Le Monde.

 

Le Mexique submergé par une vague de violence

LE MONDE | 

Par Frédéric Saliba (Mexico, correspondance)

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Crimes entre narcotrafiquants, meurtres intrafamiliaux, assassinats de voisinage, rixes mortelles… Jusqu’où ira la vague de violences qui sévit au Mexique ? En 2011, 27 199 Mexicains ont été assassinés, selon un rapport publié, lundi 20 août, par l’Institut national de statistiques et de géographie (Inegi). En cinq ans, la hausse des homicides atteint 306 % !

 

Le corps d'un homme tué par balles, entouré par la police fédérale, sur l'avenue touristique<br />
La Costera, qui longe la baie d'Acapulco, le 17 août .

 

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Cette explosion macabre des chiffres correspond à l’offensive lancée, fin 2006, par le président Felipe Calderon contre les cartels de la drogue. La stratégie frontale du gouvernement semble avoir entraîné une contagion de la violence au sein de la société.

Après des décennies de baisse du nombre de meurtres, le taux d’homicides est remonté en flèche au cours des dernières années : 24 pour 100 000 habitants en 2011, contre 8 en 2007. Le Mexique est au cinquième rang des pays les plus meurtriers du continent américain, derrière le Honduras (82,1 homicides pour 100 000 habitants), le Salvador (66), le Guatemala (41,4) et la Colombie (33,4).

Au vertige des chiffres s’ajoute l’étendue géographique des violences. Avec un taux d’homicides de 131 pour 100 000 habitants, l’Etat de Chihuahua (Nord) est le plus violent, suivi par Guerrero (Ouest) et Sinaloa (Nord-Ouest). «Le phénomène s’explique par la présence dans ces régions des narcotrafiquants, qui luttent entre eux et contre le gouvernement pour le contrôle des routes de la drogue vers les Etats-Unis», explique Edgardo Buscaglia, spécialiste du crime organisé à l’université de Columbia et président de l’Institut mexicain d’action citoyenne.

GUERRE DES CHIFFRES

Pourtant, les Etats de Jalisco (Ouest), d’Oaxaca (Sud-Ouest) ou de Mexico (Centre), qui ne comptent pas une forte implantation des cartels, ne sont plus épargnés. «Sous la pression de l’offensive du gouvernement, les cartels se sont déplacés, entraînant une généralisation de la violence à tout le pays», précise M. Buscaglia.

Cette hausse des crimes est contestée par les autorités. «Notre Etat affiche une baisse de plus de 70 % des homicides entre juillet 2010 et juillet 2012″, a déclaré, mardi, le gouverneur de Chihuahua, César Duarte. L’hécatombe relevée par l’Inegi – 95 632 meurtres de 2007 à 2011 – est aussi contredite par le gouvernement fédéral.

Selon le décompte des autorités, arrêté en septembre 2011, la guerre des cartels a tué 47 515 personnes en près de cinq ans. «L’Inegi ne précise pas le type de meurtres, liés ou non aux narcotrafiquants, alors que les autorités ne comptabilisent que les crimes des cartels, souligne Luis de la Barrera, spécialiste de la sécurité publique à l’Université nationale autonome de Mexico (Unam). Nous assistons à une guerre des chiffres, dans laquelle le gouvernement minimise les morts pour justifier sa stratégie frontale contre le narcotrafic.» Le 2 août, M. Calderon avait même annoncé une baisse de 15 % des meurtres de la délinquance organisée au premier semestre.

Si le gouvernement affiche des saisies et des arrestations record, le sang ne cesse de couler sans que les cartels semblent faiblir«La lutte du gouvernement a entraîné une perte d’autorité de l’Etat et une contamination de la violence des narcotrafiquants sur les autres conflits ; familiaux, amoureux ou de travail, qui autrefois ne débouchaient pas sur un crime», analyse Luis de la Barrera.

52 MILLIONS DE PAUVRES SUR 114 MILLIONS DE MEXICAINS

Les cartels ont infiltré les administrations publiques, police en tête. «Cette situation diffuse une culture de la violence et de l’impunité au sein de la société, telle une épidémie sociale», explique M. Buscaglia. Seul 1 % des 12 millions de délits commis chaque année est jugé, selon la Commission nationale des droits de l’homme. Et le trafic d’armes aggrave la situation : 142 000 armes ont été saisies depuis cinq ans et demi, dont 80 % proviennent des Etats-Unis, où leur vente est libre.

Mais, pour Ernesto Lopez Portillo, directeur de l’Institut pour la sécurité et la démocratie, «le phénomène est enraciné dans une décomposition du tissu social, liée notamment à la hausse de la pauvreté». Entre 2008 et 2010, 3,2 millions de Mexicains sont venus rejoindre les rangs des pauvres, portant leur nombre à 52 millions sur 114 millions de Mexicains, selon le Conseil national pour l’évaluation des politiques de développement social.

Sans compter les déficiences de l’éducation nationale, avec 7,3 millions de mineurs analphabètes qui n’ont pas terminé l’école primaire. Pis, le Mexique compte 7,8 millions de «ni-ni», ces jeunes de 15 à 29 ans sans emploi et qui ne suivent pas d’études.

SEULS 10 % DES DÉLITS SONT DÉNONCÉS À LA POLICE

«Le manque d’aubaines et la perte de confiance de la population envers les institutions constituent un scénario propice à la hausse de la violence», assure M.Lopez Portillo. Il précise que seuls 10 % des délits sont dénoncés à la police. Recrues faciles pour le crime organisé, les jeunes sont les premières victimes des narcotrafiquants. Au point que les homicides sont devenus la première cause de mortalité des Mexicains de moins de 30 ans.

A qui la faute ? «Le gouvernement Calderon s’est trop focalisé sur la répression et pas assez sur la prévention des délits pour mieux insérer les jeunes dans la société», déplore M. Buscaglia. Le Parti d’action nationale (PAN, droite) du président Calderon l’a payé dans les urnes. Lors des élections présidentielle et législatives du 1er juillet, le PAN a été relégué au troisième rang des forces politiques.

Quant au président élu, Enrique Peña Nieto, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre), qui entrera en fonctions le 1er décembre, il a promis la baisse des violences. Y parviendra-t-il ?

 

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Les chiffres des Nations unies sur le crimeEn 2011, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) avait diffusé sa première «Etude globale sur l’homicide». En 2010, 468 000 homicides ont été enregistrés dans le monde. Presque un homicide sur dix a été commis au Brésil : 43 909 selon le chiffre de 2009. En volume, aucun pays ne dépasse le Brésil, talonné par l’Inde (40 752). Les experts préfèrent comparer le nombre des victimes à la population.

Avec un taux de 82 homicides pour 100 000 habitants, le Honduras reste le pays le plus meurtrier de la planète, suivi par le Salvador (66), la Côte d’Ivoire (56), laJamaïque (52), le Venezuela (49), Belize et le Guatemala (41). A titre de comparaison, plus loin, on trouve l’Afrique du Sud (33,8), la Colombie (33,4), leBrésil (22,7), la Russie (11,2), les Etats-Unis (5), l’Inde (3,4), la Chine (1,1), laFrance (1,4).

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